Oskar a travaillé 17 ans dans le service client avant de se reconvertir dans le développement web avec La Passerelle. Il témoigne de son cheminement et des réflexions qu'il a menées avant de changer de métier !
Transcription :
Est-ce que tu peux te présenter et présenter ton parcours ?
Oui, en quelques mots, Oscar Kloc. J'ai déjà une vingtaine d'années d'expérience globalement. J'ai commencé par des études de science à l'université, donc un parcours au début assez académique. Et puis, j'ai commencé à travailler dans un service client, donc rien à voir avec ce que j'ai pu faire initialement lors de mes études qui m'ont intéressé. Mais bon, il y a eu des opportunités qui se sont présentées à moi et j'ai évolué au sein du service client d'un grand groupe français aujourd'hui. Et j'ai eu l'opportunité d'occuper quand même pas mal de postes intéressants, de me faire une grande expérience en termes de management, de gestion de projet, de gestion de la connaissance au sein du service client, justement pour les fonctions support central. Et puis, j'y suis quand même resté 17 ans. C'est un beau parcours, pas au même poste avec beaucoup d'évolution, mais est arrivé un moment où j'ai eu une envie comme ça qui s'est présentée, qui a qui a commencé à grandir au fur et à mesure, ça n'a pas été d'un coup. Et aujourd'hui, je suis en reconversion dans le domaine du développement web pour devenir développeur web.
Ça a pris combien de temps à partir du moment où l'idée a commencé à germer et où tu es passé à l'action et où tu as trouvé ta formation ?
Je dirais que ça a pris du temps parce que c'est peut-être mon caractère aussi. Je laisse les idées un peu mûrir, mais ce n'est pas de l'insatisfaction rapport à ce que je faisais auparavant, puisque dans les différentes missions auxquelles j'ai pu toucher, elles étaient intéressantes, tant en termes de management que de gestion de projet, que des sujets abordés, il y avait énormément d'opportunités. On disposait d'une belle autonomie et surtout, ça permettait de se confronter à l'humain. L'humain, c'est très riche. Mais malgré tout, j'ai ressenti que j'avais une sorte de manque. Il y a une insatisfaction qui grimpait. Et puis, avec le temps aussi, on se dit « Mais tiens, est ce que j'essaierais pas ceci ? Est ce que j'essaierais pas cela ? » Donc ça mûrit petit à petit, sans qu'il y ait un déclic, forcément, comme ça. C'est plus progressivement que dans mon cas, en tout cas, ça s'est installé. Et puis, plus récemment, j'ai saisi une opportunité pour faire une rupture conventionnelle et pour me dire « Tiens, OK, il me faut du temps. » J'ai eu l'occasion de faire un bilan de compétences sereinement. Donc, j'ai profité de cette occasion à la fois pour faire la rupture conventionnelle et entamer un bilan de compétences qui m'a accompagné de façon à clarifier un peu toutes les idées que je pouvais avoir pour me dire « Tiens, si j'ai essayé ça, si j'aime me lancer dans ce domaine là. »
Donc tu es passé par la case bilan de compétences, tu as évolué vers le développement web. Est-ce que tu avais déjà cette idée avant de faire un bilan de compétences ou tu l'as découvert à travers ce processus ?
Est-ce que j'aurais dit exactement « Tiens, tu vas être développeur web » ? Non, parce que sinon, je ne serais pas passé par le bilan de compétences. Le fait est que par mes études, déjà, j'avais pu toucher un peu à la programmation. La programmation était alors un outil vraiment dédié aux simulations que je devais être amené à faire dans le cadre de mes études. Pour autant, je ne l'ai pas conservé, mais dans le cadre de mes fonctions, notamment en termes de gestion de projet, j'ai été amené à évoluer, à échanger avec des développeurs web qui mettaient en œuvre finalement les solutions sur lesquelles nous pouvions travailler avec l'équipe. En échangeant, chacun a pu me présenter un peu son univers. C'est ça qui était agréable, c'est que chacun a vraiment des développeurs web avec qui j'ai été pu échanger. De la part de chacun, j'ai pu avoir des retours sur leurs façons de travailler, les problématiques rencontrées. Et donc, finalement, je n'en ai jamais été très éloigné. Mais je ne me disais pas forcément « Tiens, si je travaillais dans ce domaine-là. »
Il y a quelques opportunités qui se sont présentées à moi dans le cadre de mes fonctions, de mettre un peu le nez dans le code, etc. Et de me rappeler de vieux souvenirs. Parce que c'était pas forcément des langages de programmation que j'avais pu pratiquer à l'époque. Mais ça nourrit un peu cette réflexion-là. Et c'est vraiment avec le bilan de compétences qu'on a pu revenir un peu sur ces éléments-là, refaire ressortir les choses qui me concernent vraiment. Et là, on est parti plutôt non pas de "qu'est-ce que je voudrais faire ?", mais déjà de qui je suis, quels sont mes moteurs, qu'est-ce qui m'anime, qu'est-ce qui me porte. C'est ça qui était intéressant. Et à l'issue de cette réflexion, quand les éléments qui sont ressortis, c'était vraiment ma curiosité, mon besoin de nouvelles connaissances, de résoudre des problèmes, d'avoir de la logique dans cette réflexion. Ça, c'est venu assez naturellement, une fois que ces moteurs là ont été posés. On aurait pu imaginer d'autres domaines, mais avec justement mon parcours, c'est plutôt cette idée là qui s'est imposée et j'ai eu l'occasion de faire des interviews. Au delà même des discussions que j'avais pu faire avec d'anciens collègues, c'était vraiment de recontacter certains, mais aussi d'aller plus loin et de contacter des personnes avec qui je n'avais jamais échangé auparavant et qui ont tous pris du temps pour me présenter un peu leur environnement, ce qui leur plaisait, ce qu'ils aient, les pièges à éviter selon eux, etc.
Et c'était assez marrant parce que certains me donnaient déjà des conseils comme si j'étais en poste. C'était des discussions poussées, mais qui permettaient d'avoir vraiment l'envers du décor aussi et de se dire « Tiens, ça correspond vraiment à l'idée que je m'en fais et jusqu'où je voudrais aller. » Et notamment, un collègue et ami a pris le temps d'aller encore plus loin parce qu'on a passé une demi journée ensemble, assis à côté de lui. Donc c'était vraiment une immersion complète... Dans mon cas, ça m'a permis de confirmer mon souhait. Mais parfois, quand on hésite, ça permet aussi de faire la part des choses et de dire « OK, ces éléments-là peuvent ne pas me plaire. »
Pour les enquêtes métier, comment tu t'y es pris ?
Par les anciens collègues, oui. Et sinon, le réseau personnel, des amis, un post sur Facebook. Je ne suis pas allé forcément chercher sur LinkedIn. J'aurais pu poster sur LinkedIn, par exemple, et faire un appel à contribution. Mais le problème, c'est que quand les gens ne connaissent pas forcément, investir du temps, ça ne va pas forcément être le plus facile quand c'est trop ouvert comme ça. Je suis passé sur plutôt le groupe d'amis proches qui, après, avec leurs relations, m'ont mis en en contact avec soit un frère, soit un ami, soit quelqu'un de leur propre famille. J'ai eu pas mal de retours et en appelant, j'ai même échangé avec quelqu'un qui s'était installé au Canada et avait commencé à travailler au Canada, justement, au Québec, dans le domaine. Il a pu m'en parler, qui avait fait lui même une reconversion. C'est ce qui était intéressant, il avait différents types de profils, mais différents types de technologies maîtrisées. Et parfois, c'est en en parlant autour de soi, quand on rencontre des personnes...
Donc, une fois que tu as validé que tu voulais aller vers le développement web, comment tu t'y es pris pour trouver ta formation ?
J'ai triché un peu parce que j'ai commencé à me former déjà en ligne. J'ai un compte LinkedIn Learning. Une fois que j'ai identifié ma voie, le type de langage que je voulais un peu plus maîtriser, je me suis inscrit à des formations en ligne, LinkedIn Learning, justement, une formation complète pour devenir un développeur full JavaScript. Mais en parallèle, j'ai quand même cherché une formation que je souhaitais plutôt présentielle, puisqu'on peut trouver des sites comme LinkedIn Learning, OpenClassrooms ou d'autres en ligne et même des vidéos YouTube. Mais le problème, c'est que parfois, on a besoin quand même d'être accompagné, que quelqu'un puisse nous dire plus individuellement, va dans cette direction là, travaille maintenant sur cet élément là. Là, attention, tu t'es trompé. On a besoin de ces retours-là. Donc, au-delà de cette formation individuelle en ligne, j'ai cherché à identifier un organisme de formation qui puisse m'accompagner. Je ne voulais pas partir sur une formation extrêmement longue, notamment dans le cas d'une reconversion, je visais un format plutôt court, mais qui puisse m'apporter justement tous les éléments que j'avais pu identifier en termes de langage et autres technologies, d'autres sujets dont j'aurais besoin dans le cas de ma conversion.
En tout cas, sur Paris, il y a pas mal d'organismes de formation, donc c'était ma chance aussi de pouvoir en identifier plusieurs et d'aller récupérer les programmes des différentes formations pour pouvoir les comparer, de pouvoir assister à des réunions d'information aussi et pouvoir faire un choix. Ça, c'était le plus le plus gros de l'étape, mais en parallèle. Et ça, on n'y pense pas forcément, mais j'ai été aussi en contact avec Pôle Emploi, puisque je me suis posé l'autre question du financement de la formation. Puisque chaque formation a un coût. J'avais un CPF à utiliser, mais insuffisant pour couvrir l'intégralité des frais de la formation. Donc, j'ai pu intégrer un programme qui s'appelle ParisCode et qui m'a permis de bénéficier de la prise en charge de la formation dans ce cadre-là. C'était vraiment, au delà des formations en ligne, c'était identifier un organisme de formation qui puisse m'accompagner dans le cadre du contenu que je souhaitais et ses démarches auprès de Pôle Emploi, notamment, pour le financement de la formation. Je ne sais pas si c'est exactement Pôle Emploi qui a donné son accord ou pas, mais en tout cas, ça fait partie des dispositifs, des différents dispositifs qui peuvent exister, soit avec Pôle emploi, soit avec la région.
Il y a plusieurs dispositifs qui peuvent exister et il n'y a pas que sur Paris que les choses se font. J'ai continué un peu comme une brute parce que même avant la formation, quand on m'a dit oui, j'ai continué à m'auto-former en ligne pour essayer de mettre le maximum de chance de mon côté, rafraîchir certaines connaissances, m'avancer sur d'autres connaissances pour pouvoir y arriver. Je suis rentré dans un organisme de formation qui s'appelle La Passerelle et qui m'a proposé justement une formation de 8 mois, dont 5 mois d'apport de contenu théorique et pratique, puisqu'il y a quand même des projets à faire en groupe, dont des projets intensifs. Donc ça reste un format de formation assez intensif. Puis un stage de 3 mois à l'issue de ces 5 mois pour justement mettre en pratique toutes les connaissances qui ont pu être apprises.
Oui, effectivement, je pense que c'est une bonne idée de commencer à se former à travers des ressources qu'on peut trouver en ligne, ne serait-ce que pour confirmer que c'est bien quelque chose qui nous plaît.
Confirmer que ça peut nous plaire, parce que même quand on parle de développement web, il y a quand même pas mal de spécialités. Il y a pas mal d'environnements de langages de programmation, donc ça permet de en mettant ce premier pied aussi, ça permet de mieux clarifier vers où on veut aller. Ça, c'est important. Mais il y a aussi une réalité, c'est que les cours en eux-mêmes ne suffisent pas. Il faut pratiquer, pratiquer, pratiquer. Donc pour moi, ça a été l'occasion de pratiquer avant, pendant et de toute façon maintenant, pratiquer au quotidien.
Justement, qu'est ce qui te plaît dans le développement web aujourd'hui ?
Ça va être simple. C'est ça me correspond. Je peux tout simplement dire que j'adore parce que ça répond vraiment à ce qu'on a identifié pendant mon bilan de compétences en termes de moteur interne. Ce dont j'ai besoin, résoudre des problèmes, avoir de nouvelles connaissances... C'est un secteur qui bouge en plus régulièrement, sans arrêt. C'est vivant est un euphémisme en la matière parce qu'il n'y a pas un mois qui passe sans qu'il y ait des nouveautés qui arrivent. Et donc, il faut aussi se maintenir à la page. C'est tout cet ensemble là qui répond vraiment à ce qu'on a identifié du bilan de compétences me concernant. Donc là, je suis nourri et ça me fait du bien.
Je serais curieux de voir ce que ton ancien métier a pu t'apporter en termes de compétences ou qualités humaines, et que tu réutilises dans ton nouveau poste ?
Il y en a énormément et ça, on le sous-estime parce qu'on se dit « OK, là, on se forme un nouveau métier », mais on n'arrive pas vierge comme ça. Effectivement, il y a toutes les expériences passées, toutes nos qualités qui nous accompagnent, qui nous suivent. Et ne serait-ce que tous les aspects de gestion de projet, par exemple, que j'ai pu manipuler, qui m'obligent quand même à interagir avec pas mal, déjà, des personnes et aussi avec des métiers, finalement, au travers de ces personnes. Donc, là tous les aspects d'organisation, de rigueur dans l'organisation, de respect des échéances, de communication. Tous ces aspects là sont de richesse, en tout cas pour moi, dans mon parcours, qui, je pense, m'ont aidé dans le cadre du bilan de compétences, dans ma recherche de formation et même dans l'apprentissage. Ca m'a aidé justement pour garder mon cap, parce que parfois, on peut se mettre à douter, on peut se dire « je suis un peu fatigué », etc. Mais c'est comment arriver à se refocaliser sur son objectif aussi.
Et après, au-delà de la formation, c'est dans le métier en lui-même, comment on va interagir avec les autres développeurs, mais aussi les autres métiers. Parce qu'on va être amené à travailler avec des UX/UI Design, par exemple, avec d'autres chefs de projet, avec des product owners, etc. Et donc, on s'inscrit là-dedans et ça permet d'ajouter autant de cordes à mon arc pour mieux justement pouvoir évoluer dessus. Et indirectement, pouvoir me concentrer, justement, dans le cadre de ma reconversion, sur le code en lui-même, ce qui est la nouveauté, tout en capitalisant aussi sur ces qualités en continuant de les faire évoluer.
Quels conseils donnerais tu aux personnes qui veulent se reconvertir dans ton métier ?
Je pense que c'est un peu revenir sur certains éléments qu'on a pu aborder. Commencer par se poser les bonnes questions. Ne pas y aller parce que c'est à la mode, parce qu'un ami m'a dit « Tiens, je te verrais bien là. » Non. C'est « OK, moi, qui suis-je et où est-ce que je veux aller ? » Je pense que commencer par ça, c'est le plus important, pour ne pas se retrouver dans quelque chose qui ne nous plaît pas. Parce que si ça ne nous plaît pas, ça risque d'être compliqué, alors qu'une autre voie pourrait mieux nous correspondre. Je pense que la première chose, c'est déjà être au clair. Est-ce que c'est vraiment ce qu'on veut faire ?
Et après, c'est vraiment se renseigner sur les formations. Il n'y a pas qu'une formation, il y en a plusieurs. Avant les formations, c'est qu'est ce qui compose le métier ? Quelles sont les tâches, les technologies, etc. Il faut que ça permette de mieux cibler les formations sur les dispositifs de financement pour nous accompagner.
Là, on a de la chance en France de pouvoir être bien accompagnés, justement, sur les financements et donc de pouvoir se reconvertir. Ne pas se limiter au coût. Je l'ai cité sur la fin, mais il y a besoin de s'investir un peu au delà si on veut réussir. Ça ne veut pas dire qu'on ne va pas réussir si on ne le fait pas, mais c'est se donner des chances quand même supplémentaires, surtout si on n'a jamais touché, par exemple, au code. Dans le cas d'un développeur web, ce n'est pas impossible, on peut très bien y aller, mais on se donne plus de chances si justement on cherche à aller un peu au delà. Continuez à se tenir informés parce que le secteur, lui, il est mouvant, en continuelle évolution. Et enfin, ne pas avoir peur, ne pas hésiter. Il y a des idées reçues... J'en ai entendu certaines, moi, ça m'a toujours un peu étonné, mais ce n'est pas que des mathématiques, en tout cas, pas dans le développement web de base. C'est après si on veut se trouver certaines spécialités dans la data ou dans l'intelligence artificielle, ça peut être des apports intéressants, mais ce n'est pas non plus des points obligatoires pour avancer. Donc, ne pas se mettre de frein soi même, surtout.