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Reconversion de commercial à product manager

Illustration de Dorian sur fond bleu

Dorian travaillait comme commercial dans des ESN avant de se reconvertir comme product manager chez Scaleway. Il témoigne de son parcours et des idées reçues sur le PM.

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Est-ce que tu peux te présenter et présenter ton parcours ?

 

Yes. Donc, Dorian, 33 ans. Je suis belge, je suis en France depuis maintenant près de huit ans. Et pour mon parcours, moi, je suis depuis toujours fondamentalement dans le numérique, beaucoup sur des rôles de sales. On aura l'occasion d'en reparler. Et là, maintenant, ça fait six mois que je suis chez Scaleway.

 

Et pour ceux qui ne connaissent pas Scaleway, peux-tu en dire 2 mots ?

 

Tout à fait. C'est ce qu'on appelle un fournisseur de services cloud, donc l'informatique en nuage, comme on dit en France. C'est un cloud provider français. Les concurrents, pour ceux qui connaissent, c'est AWS, c'est Azure, c'est Google Cloud. Donc, un gros marché et quelque chose de très technique.

 

Et une belle start-up en France !

 

Exactement. C'est une très belle structure et un très bel écosystème dans lequel on s'intègre, notamment en France et même au niveau de l'Europe. C'est de beaux challenges.

 

Tu as travaillé dans le numérique et puis tu as évolué vers un rôle de product management. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu as découvert ce métier ?

 

Comme je disais, j'ai principalement des rôles commerciaux dans le numérique. Chez des éditeurs de logiciels ou dans ce qu'on appelle des ESN. Ça existe beaucoup en France. L'ancien terme, c'est SSII. Donc, les ESN, c'est des entreprises de services numériques. Finalement, le rôle que j'avais dans ces structures-là, c'était de trouver des missions pour des consultants et des collaborateurs en interne. Ces collaborateurs, justement, ils faisaient ce qu'on appelle les métiers de l'Agile. Ils avaient des rôles de Scrum Master, ils avaient des rôles de Product Owner, de PM, même si on en parlait peu à l'époque, et de coach agile. Coach Agile. Coach Agile, je pense que c'est quelque chose dont beaucoup de gens ont entendu parler. Et si tu veux, étant donné que ma responsabilité, c'était de leur trouver du travail, je devais savoir les vendre, savoir vendre leur métier, le comprendre. Et finalement, c'est comme ça que j'ai découvert le product management, c'est à travers des échanges. C'est vraiment ça. Et on aura l'occasion d'en reparler aussi, c'est que pour moi, c'est la beauté de tous ces métiers- là, c'est qu'avant tout, c'est de l'échange et c'est comme ça qu'on grandit ensemble.

Donc voilà, c'est un peu là-dessus que ça a commencé. Beaucoup de lectures aussi, parce que moi, ça fait un peu partie de ma culture d'apprentissage, de l'apprentissage en continu. Et le vrai switch, il s'est fait pendant le confinement, comme beaucoup de gens, je pense. On se remet tous un peu en question, on fait pause, la vie est un peu plus lente et on s'interroge, on se pose les bonnes questions. Et il y a deux ou trois podcasts qui ont pas mal explosé pendant le confinement, probablement parce qu'on avait plus de temps pour les écouter. Je pense notamment à "Clef de voûte" de Timothée Frin et à Product Squad de Axel Sooriah. Je m'endormais avec, je me réveillais avec, je faisais du sport avec. Et c'est là où je me suis dit encore plus qu'à l'époque, il y a quelque chose à faire, j'ai envie de faire ça, ça m'intéresse beaucoup. Et puis, plus fondamentalement, le product management s'inspire beaucoup en fait de méthodo et de bonnes pratiques qui s'apparentent d'un côté à l'entrepreneuriat de manière générale, je pense que c'est des choses que tu connais, et aussi à tout ce qui est autour du Lean.

En fait, ça faisait échoé à mes études, parce que moi, j'ai fait un master en entrepreneuriat, en e-business pour finir mes études. Et donc, j'avais un peu l'impression de revenir un peu à mes premiers amours et il y avait un côté destin. C'était un peu ça l'idée.

 

Product Manager, c'est un métier relativement récent en France. Quelles sont les principales idées reçues sur ton métier ?

 

C'est une super question. Et effectivement, en plus, tu fais bien de préciser le contexte parce que c'est un métier qui existe depuis très longtemps dans la tech, le digital, le numérique, comme on dit, aux États-Unis. Il s'est vraiment construit, quand tu vas creuser un peu les auteurs, aux States. Ce que je vais partager là, c'est vraiment "très français". C'est une vision très personnelle et très humble aussi. Moi, je suis dans ce monde-là que depuis peu de temps. Mais je me suis noté quatre éléments.

Je pense que la première idée reçue, c'est « Il faut en avoir déjà fait. » Il y a beaucoup de métiers comme ça et encore plus quand tu veux changer de métier, quand tu fais de la reconversion. Il y a un côté, tu sais, tu arrives en boîte, tu es dans la file d'attente, tu espères que tu vas rentrer avec le videur et il te dit « Non, non, mais c'est réservé aux habitués. » Et le seul moyen d'être un habitué, c'est de déjà rentrer dedans. Donc ce côté-là, moi, je l'ai ressenti beaucoup. C'est à la fois une idée reçue et une idée existante. Mais je pense vraiment que, et encore plus vu que c'est un métier qui est en ce moment super trendy, super intéressant pour pas mal de monde, il faut un peu ouvrir les chakras et se rendre compte qu'un sales peut faire un très bon PM, quelqu'un du métier, un dev qui va faire du PM sur des produits dev, on peut faire des très bons PM. Donc le côté « Il faut en avoir déjà fait », c'est ce que pensent beaucoup de top level, peut-être même côté recrutement. C'est quelque chose qu'il faut vraiment évangéliser, qu'avant tout, c'est des compétences qu'on va appeler soft skills, plutôt que hard skills, donc des choses qui sont plus importantes, surtout quand tu as de l'expérience dans la reconversion, c'est des choses que tu peux valoriser plus facilement.

La deuxième idée reçue, c'est la notion qu'il faut être tech, il faut savoir coder. Je pense que si tu tapes le mot-clé « compétences PM » dans Google, la première chose qui sort, c'est l'éternel débat entre « est-ce qu'il faut être tech ou pas tech ? » En fait, la vraie question, c'est « c'est quoi ton produit ? C'est quoi le produit sur lequel tu vas bosser ? Et c'est quoi le type de produit sur lequel tu veux bosser ? » Ma conviction personnelle, c'est un peu une réponse aux normands, mais ça dépend. Moi, aujourd'hui, chez Scaleway, comme j'ai dit, c'est quelque chose de très technique. C'est un fournisseur de services cloud et je pense que si je n'avais pas eu cette appétence technique, si je n'avais pas un peu bossé à droite et à gauche dans des entreprises très tech, peut-être que je n'aurais pas eu la chance de monter sur le produit sur lequel je suis aujourd'hui. Parce que c'est très technique. Mais encore une fois, ça dépend de ton produit. Par exemple, j'avais entendu que sur Petit Bambou, ou une application de yoga en France, le PM, c'est un ancien Yogi. Donc, il n'est pas tech du tout, mais il sait se mettre à la place des utilisateurs. Et ça, c'est super important. Donc, la question du tech, ça dépend vraiment du produit sur lequel tu vas bosser et que tu as envie de bosser.

Et c'est encore plus important aujourd'hui, parce qu'il y a quand même une énorme tendance autour de l'intelligence artificielle qui revient. On en a parlé pendant des années. Maintenant, tu as ChatGPT, les modèles de langage et tout. Clairement, si tu as envie de bosser dans l'IA, il faut une appétence tech, il faut même un vernis tech. Et je reste convaincu qu'il faut connaître un langage de programmation parce que tu vas travailler avec des développeurs et donc c'est important. C'est une idée reçue aussi, mais c'est à débattre. Ça dépend du produit sur lequel tu vas jouer.

La troisième idée reçue. Alors là, je vais utiliser deux mots un peu techniques, je les expliquerai, c'est la notion de « discovery vs delivery ». En français, ça veut dire « découverte et livraison ». La phase de découverte, c'est découvrir les besoins. La phase de livraison, c'est quand on va livrer le produit qui va répondre à ses besoins. Pendant très longtemps, c'est quelque chose qui a été extrêmement découpé, notamment en France, de parallèle historique industrie, construction et tout. On parlait maîtrise d'ouvrage, maîtrise d'œuvre. Et finalement, aujourd'hui, les deux se retrouvent un petit peu entre cette notion de découverte et de livraison.

Et ça, c'est aussi quelque chose qu'il faut avoir en tête. Il y a des idées reçues comme quoi le PM, il fait beaucoup plus de discovery, le PO, il fait beaucoup plus de deliveries, alors que certains te diront que c'est plutôt des rôles et des responsabilités, plutôt vraiment que des jobs à part entière. En tout cas, ce qui est intéressant à savoir, c'est qu'en France, on a énormément travaillé sur la théorisation de tout ce qui est découverte. Et je pense notamment à un super bouquin qui s'appelle « Discovery discipline ». Là, on fête les un an de ce bouquin. C'est des anciens de BlaBlaCar qui l'ont rédigé. C'est une méthodologie pour réintégrer la discovery dans le sérail de la tech française, on va dire ça comme ça. Il y a un article du Ticket qui est sorti hier ou aujourd'hui là-dessus. Je conseille vraiment de lire. C'est super intéressant. Et le Ticket, de manière générale, d'ailleurs, c'est super intéressant pour monter en compétence sur les sujets-là. C'est un des top média produits aujourd'hui.

Et le quatrième point, on parle de product management et donc la personne qui va prendre ce rôle est un product manager. Et donc on se dit, du coup, il est manager de quelqu'un. Dans le sens où je vais gérer des équipes, je vais gérer des carrières, je vais avoir des entretiens annuels et tout. En fait, pas du tout. T'es le boss de personne. T'as une responsabilité de facilitateur. J'en reparlerai un petit peu dans... On y reviendra peut-être par la suite, mais ta responsabilité, c'est peut-être un peu nounours, mais c'est que tout le monde soit heureux. Et pour moi, ta plus grosse responsabilité, c'est ça. Et derrière, il y en a certains qui te diront « Oui, t'es le manager du produit. » Ça veut rien dire. Il y a un côté soft power, il y a un côté diplomatie, il y a un côté gestion des parties prenantes, mais t'es le boss de personne. Et il faut pas croire que parce que tu deviens Product Manager, t'as une plus grosse casquette sur ta tête, tu dois gagner plus d'argent. Bref, c'est ça, clairement, c'est une grosse idée reçue. Tu attends pas à avoir un rôle de manager si t'es Product Manager.

 

Toi, tu es passé par un bootcamp pour te former en Product Management ?

 

Yes, j'ai fait Join Maestro, qui derrière, c'est Maria Schools, derrière, c'est les anciens de The Family et tout ça.

 

Et quelles sont, selon toi, les choses à savoir avant de faire un bootcamp en Product Management ?

C'est une top question. Et d'ailleurs, la force des bootcamps aussi, c'est de créer des communautés. Et typiquement, quand des gens veulent faire le bootcamp de Maestro ou même d'autres, on contacte pour la même question. Et je réponds généralement de manière un petit peu graduelle. Et la première question que je pose, c'est pourquoi tu veux faire ce métier ? Ça paraît super trivial, mais de par le fait que ce métier soit super super demandé en ce moment, il y a beaucoup de pub autour de tout ça et tout, moi, j'ai toujours peur que les gens vont chercher... La facilité, c'est un peu péjoratif, mais le chemin qu'ils estiment être le plus intéressant pour le marché. C'est une bonne stratégie, mais malgré tout, il faut être heureux. C'est un grand luxe de pouvoir dire ça, je suis d'accord, mais essayons quand même de réfléchir comme ça. Pourquoi tu veux faire ce métier ? Qu'est-ce qui t'intéresse dans ce métier ? Est-ce que tu t'es renseigné sur ce métier ? Et donc, avant de faire un bootcamp en Product Management, pose-toi la question de « Est-ce que c'est vraiment le métier que tu veux faire et pourquoi ? »

Deuxième chose que je demande, c'est le temps et l'argent. C'est un luxe de faire un bootcamp. Le marché commence à être très intéressant sur cette proposition de valeur-là. Donc, formation continue en product management. Tu as plein de structures qui le font, mais généralement, c'est quand même entre 3 000 et 6 000 euros la formation. Il y a plein de différents modules, de manière d'apprentissage et tout, mais c'est quand même minimum 3 000 euros que tu dois débourser. C'est pas donné à tout le monde. Après, il y a des aides, mais ça veut dire que t'es au chômage. Donc des gens qui sont en reconversion, qui peuvent pas se permettre de se mettre au chômage ou d'arrêter leur travail et qui doivent... Tu vois il y a un côté un peu le serpent qui se mord la queue. Donc clairement, c'est un investissement. Et en temps aussi, c'est énorme. Parce que même si tu es au chômage, c'est du temps que tu ne passes pas à chercher un autre travail. Donc là-dessus, est-ce que tu es assez à fond dans ce métier et dans cette vision que tu veux avoir pour ta carrière pro, que tu es prêt à débourser de l'argent et que tu es prêt à y passer beaucoup de temps ?

Et il ne faut pas croire, c'est très, très chronophage. Et il y a un côté directement proportionnel, dans le sens que plus tu mets des choses de toi- même dans cette formation, en termes de travail, en termes d'échanges, en termes de relationnel, plus tu vas en sortir. Mais ça vaut le coup aussi dans l'autre sens. C'est-à-dire que si tu penses que tu vas juste t'asseoir, suivre des cours et apprendre le métier, c'est une grossière erreur. Ça n'a rien à voir avec l'enseignement qu'on peut avoir un peu ex cathedra qu'on avait à la fac. C'est très pratique, c'est très hands-on. Donc, ce n'est pas simple, c'est beaucoup de temps. Et le dernier élément, j'aime à croire que c'est très PM de ma part de penser ça, c'est que si le bootcamp est la solution, quel est le problème ? Le bootcamp en product management reste une des manières de faire du product management. Parce que comme on disait au début, c'est quelque chose qui est, en tout cas c'est ma conviction, très orienté soft skills, parce que les hard skills, c'est que potentiellement, c'est quelque chose que tu as appris, tu vas apprendre derrière.

 Il y a plein de moyens d'arriver aux produits. Le bootcamp est une voie accélérée, c'est vrai. En revanche, tu peux y arriver avec de la promo interne. Typiquement, OpenClassrooms, une personne qui va gérer un parcours académique, c'est de la chefferie de projets et aussi quelques éléments, ce qu'on va appeler, d'ingénierie pédagogique. Potentiellement, elle peut devenir PM sur un produit OpenClassrooms parce qu'elle vient du métier. Cette transition-là, en interne, c'est moi, je l'ai vu.

Point 2, du Shadow. Typiquement, ça se voit beaucoup dans le conseil. Moi, j'ai travaillé chez Octo Technology et ils avaient mis en place un système d'école en interne, un peu comme un "graduate program". Et donc, en fait, tu suivais entre deux et trois semaines de formation dans le dur, technique, sur les outils du PM. Et puis ensuite, tu partais en Shadow. Donc, le Shadow, c'est quoi ? C'est que tu suis les pas de quelqu'un. Tu suis ses journées, tu fais comme lui. Et il y a un côté, moi, c'est ça que j'aime bien, c'est qu'il y a un côté un peu incorporation, artisanat, apprentissage.

Et puis, il y a des formations en ligne et ça revient à la notion de temps et d'argent. Les formations en ligne sont importantes, je pense, pour se mettre le pied à l'étrier. C'est un des moyens pour aller éventuellement chercher une promotion interne ou aller chercher du shadow. Il y a énormément de choses sur Udemy. Il y a un super Bootcamp, c'est plutôt américain, mais je pense que c'est important aussi de savoir comment le PM se fait aux States. C'est un peu ce que je pense qu'il faut avoir en tête.

 

Et aujourd'hui, qu'est-ce qui te plaît dans le product management ?

 

Tout ! Non, mais, blague à part, je suis vraiment très content. C'est des belles journées, c'est très rempli, mais je pense que l'élément qui me plaît le plus, et c'est quelque chose qui avait été en plus évoqué dans mes études autour de l'entrepreneuriat et du new business, c'est la notion de « jack of all trades ». C'est un terme anglo-saxon et en gros, c'est que tu es le monsieur qui est un peu au milieu de tout. Ça ne veut pas dire que tu ne fais rien, c'est juste que tu es au milieu de tout. Tu dois aider tout le monde et c'est super intéressant. Du coup, tu apprends énormément. Moi, j'adore apprendre des gens, de monter en compétence à travers eux, à travers les échanges qu'on peut avoir ensemble. C'est beaucoup plus digeste que de s'y taper un bouquin ou un truc Il y a aussi un côté vulgarisation, communication qui est très important. Partager ton savoir, partager un peu l'avancement, communiquer sur des objectifs. Il y a un enjeu de com sur ce métier qui est juste mais incroyable. Je pense que s'il y a un hard skills qu'il faut maîtriser, c'est vraiment ça, c'est la com.

Moi, je la prends au quotidien, un peu à la dure. La com, c'est vraiment le nerf de la guerre dans tous les métiers, mais ici, vraiment, je trouve ça pique pas mal parfois. Et un autre truc aussi, et c'est le côté peut-être un peu nounours, mais tu aides les autres à atteindre leurs objectifs. Ton objectif, c'est que tous les autres réussissent. Et c'est ça que je disais par rapport à le côté soft power. Moi, mon objectif, c'est que tout le monde réussisse. Je me sers juste à ça, à créer les conditions du succès. Et ça, franchement, c'est super valorisant.

 

Tout à l'heure, tu disais que les commerciaux font de bons product managers. Quel lien est-ce que tu vois entre le temps d'un ancien métier et le nouveau ?

 

C'est vrai, je l'ai dit. Et pas que les sales, c'est important ! Il y a d'autres métiers, mais en tout cas, je pense que c'est ce qui m'a permis de faire une transition un peu facilitée et aussi de me démarquer sur le marché. Parce que comme je disais, tout le monde veut le faire et ça vient un peu dans tous les sens. Mais ce que j'ai mis énormément en avant, c'est deux choses. C'est la notion de user-centricity, donc le côté vision centrée utilisateur. En fait, ça, c'est un terme très développement en produit. Et côté sales, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que c'est ton client. Et pouvoir toujours te dire qu'est-ce que le client veut ? Qu'est-ce que le client a en tête ? C'est qui mon client ? Finalement, c'est très important à avoir en tête et ça, ça m'a beaucoup aidé. Parce que tu vas au front parfois avec des sales ou avec le support pour comprendre un peu les enjeux du client. Il faut être capable de discuter avec des clients et c'est quelque chose que j'ai été agréablement surpris, c'est que c'est quelque chose que j'ai pu réutiliser dans mon métier aujourd'hui.

Quand on fait du travail de recherche, par exemple, c'est très important. Et c'est ça, je suis super content. Et un point aussi qui est important, c'est qu' à la fin de la journée, c'est que c'est un client qui achète. Et s'il n'achète pas, ça ne sert à rien. Tu as construit le produit, mais s'il n'est pas vendu, ça ne sert à rien. Et du coup, ça me ramène au deuxième élément, c'est toujours revenir à l'impact business. Et par business, j'entends argent, monnaie sonnante et trébuchante. Tu sais, on entend souvent toujours se demander pourquoi on fait les choses. Ouais, mais il y a aussi le « combien ». Combien ça va nous ramener comme argent ? Comment est-ce que ça va impacter le chiffre d'affaires de la boite, le chiffre d'affaires de notre portefeuille produit et tout ça ? Et ça, c'est ne pas avoir peur de parler argent. C'est important.

 

Quels sont tes conseils pour ceux qui sortent de bootcamp et qui cherchent un premier emploi dans le product management ?

 

Je vais te répondre avec le contexte actuel. donc, on est en fin d'année 2023. La tech, ce n'est pas simple. Je lisais encore Techcrunch ce matin. Je ne sais plus quelle grosse boîte, je pense qu'il y a LinkedIn ou Facebook qui va encore se séparer de plusieurs centaines de collaborateurs côté technique. Donc, le marché est compliqué. Il y a des levées de fonds, oui, en France, mais ce n'est pas simple. Donc, le numérique, c'est compliqué. Il y a beaucoup de monde qui veut jouer dedans parce que les salaires sont attractifs. Donc, le premier point, c'est que ça va piquer. C'est-à-dire que tu vas sortir de ton bootcamp, tu vas vouloir te lancer dans le Product Management, ça va piquer. Les annonces, elles vont pas tomber. Il va falloir solliciter, il va falloir envoyer des CV, il va falloir faire jouer le réseau, mais ça va piquer. C'est normal que moi, personnellement, ça m'a pris trois mois pour trouver quelque chose, mais j'ai eu beaucoup de chance. J'ai eu de la coop', j'ai ciblé mon marché. Donc, le premier point, c'est que ça va piquer. 

Deuxième point, je faisais du judo quand j'étais petit, et il faut utiliser un peu sa propre force. C'est quoi tes forces ? C'est quoi tes envies ? Ok, tu te les listes, tu te les notes et tu essaies de dire « OK, quel type de boîte ou quel type de structure ou pourrais être intéressé par mes forces et par mes envies et quelle boite correspond à mes envies. Et ça, c'est super important. Typiquement, je discutais avec un ancien de Scaleway qui s'est reconverti dans le produit, qui était en sales, qui a eu un petit peu de mal au début, qui était en sales, qui a un peu de mal au début à trouver du taf. Et il a dit « Moi, j'ai envie de bosser dans le satellite. C'est absolument ce que j'ai envie de faire. » Et il a cherché sur LinkedIn des gens qui bossaient là-dedans. Il est tombé sur une connaissance. Il les a démarchés en mode « Écoute, moi, j'ai envie de bosser dans le satellite. Vous n'avez pas de PM aujourd'hui. Je pense que c'est important vu la maturité de la boite que vous réfléchissez à ça. Si ça te dit, je viens chez toi. On essaie de mettre un truc en place ensemble et on avance. » Et le gars a dit Go !

Alors, il avait un peu de chance, il le connaissait. Mais malgré tout, c'est quelque chose à faire. Je pense qu'il y a des entrepreneurs, une taille de boîte entre cinq et dix personnes qui ne savent pas trop si ils doivent mettre un produit ou pas, éventuellement, allez les chercher ces gens-là. Ce n'est pas un métier simple. First PM sur une petite structure, je pense qu'il y a un peu plus compliqué, ce n'est pas simple. Et ce qui est intéressant aussi, c'est que toute la partie First PM dans la communauté France du produit est quand même super bien documentée. Donc, il y a des choses à faire et elle est très chouette parce que tu touches un peu à tout. Et donc, si tu es en reconversion, tu peux utiliser d'autres compétences que du pur PM. Et ça, c'est important.

Et alors, le troisième point, c'est le side project. Vous allez énormément voir passer des posts sur « Il faut faire un side project », « Il faut faire un side project. » Alors oui, mais il ne faut pas se tromper. C'est-à-dire que si tu joues tout seul, c'est très démotivant.

Ça peut parfois aussi un peu manquer d'impact. Donc moi, ce que je conseille vraiment, c'est d'aller chercher des projets en commun avec d'autres gens. Moi, ce que j'avais fait, par exemple, c'est que j'avais été sur Data for Good, qui est une sorte d'incubateur décentralisé de projets de data à ambition responsable. Et je suis monté sur une plateforme, c'était un serious game. Et du coup, j'ai appris, j'ai fait des tickets, j'ai commencé à gérer un peu la roadmap, j'ai fait les retours utilisateurs et tout. Et ça, c'était un vrai side-project. Et je sais que ça m'a beaucoup aidé parce que justement, ce qu'on disait au début, c'est qu'il faut l'avoir déjà fait, tu manques d'expérience et tout, mais j'avais géré un delivery, en fait. J'avais fait ce qu'on appelle du product ownership. J'avais priorisé des actions, j'avais discuté avec des dev, on avait commencé à mesurer la charge de travail et tout. Et ça, c'est la meilleure chose parce que tu travailles en équipe. Le side-project, moi, ce qui me fait peur, c'est que parfois, on oublie la dimension travail en équipe. Et ça, ça se vend bien, je pense, sur le marché du travail.

C'est pas simple à trouver. Ça prend du temps aussi, encore une fois. Mais je ne peux que le conseiller. Franchement, c'est tellement valorisant et tellement cool. Et puis, il y a un côté aussi où tu dis « Ouais, je suis en train de faire ce qui me fait kiffer. » Et ça, c'est très cool. Ça, c'est vraiment très cool.

 

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