Ancien cariste, Romain raconte comment il est devenu développeur back-end, suite à une formation avec WebForce3.
Transcription :
Est-ce que tu peux te présenter et présenter ton parcours ?
Je m'appelle Romain Devillez, j'ai 29 ans. Au niveau de mon parcours, je n'étais pas destiné à faire ce métier au départ. Moi, depuis tout petit, j'avais un rêve, c'était de devenir pompier. Du coup, vers l'âge de 11ans, il y a des écoles de jeunes sapeurs-pompiers, en fait, où on apprend le métier. Donc, de mes 11 ans à mes 18 ans, j'ai suivi ça. Donc, on apprend les techniques d'intervention, tout ça. Malheureusement, j'ai un problème de dos qui fait que je n'ai pas pu aller au bout de mon rêve. Et du coup, à 18 ans, je me suis fait refouler à la visite médicale. De là, vu que mon envie, c'était de travailler avec les personnes, je me suis orienté vers le métier d'infirmier, mais pour ça, il fallait un bac. Du coup, j'ai repassé un bac que j'ai obtenu.Ensuite, j'ai travaillé à la Croix-Rouge pendant un an pour mettre de l'argent de côté et pour financer mes études. J'ai fait une prépa infirmiers, puis ensuite, j'ai intégré une école d'infirmiers en Belgique pendant 2 années.Malheureusement, j'avais trop de douleur au dos parce qu'il y a beaucoup de manutention, il y a beaucoup de marches et ça me provoquait vraiment de grosses douleurs.
De là, je me suis dit qu'il fallait que je trouve autre chose et j'ai cherché un emploi pour subvenir à mes besoins. J'avais regardé sur Internet les mots clés qui ressortaient le plus et on cherchait des caristes. Du coup, j'ai passé mes permis de cariste. J'ai fait cariste pendant un an et pendant cette année, j'ai commencé à faire des démarches pour être reconnu travailleur handicapé, ce qui permet de débloquer des statuts et d'avoir des aides pour se reformer, tout simplement. J'ai été suivi par un cap emploi et par une conseillère. De là, j'ai trouvé une formation dans le numérique parce que j'ai toujours eu cette appétence pour les nouvelles technologies. J'ai fait mon PC chez moi, j'adorais les nouvelles technologies, je me renseignais dessus. Alors je me suis dit « Pourquoi pas travailler dans la tech ? » J'ai rencontré cette conseillère et on a trouvé une formation chezWebForce3. La formation, c'est référent digital, ça durait 6 mois, avec un stage de 2 semaines à la fin. En gros, c'est une formation où on touche à tout : c'est-à-dire un peu de marketing, un peu de communication, un peu d'applicatif, on fait du développement front, du développement back, on fait des réseaux sociaux. Ça m'a permis d'un peu toucher à tous les métiers liés à la tech.
Et de là, j'ai rencontré un développeur back-end et j'ai beaucoup aimé ce qu'il faisait. Du coup, j'ai commencé à coder chez moi le soir et le week- end. J'étais très motivé. Et suite à cette formation, j'ai été recruté en alternance. On est venu me chercher sur LinkedIn et en fait, le développeur que j'avais rencontré dans cette alternance, il connaissait celui qui était venu me chercher. Donc, j'ai été recruté juste pour ma motivation parce qu'on va pas se mentir, même si ça faisait 4 mois que je codais intensément, on ne sait pas faire grand chose au début. Du coup, j'étais recruté en alternance. On m'a greffé à un développeur back-end senior et de là, j'ai fait mes 2 ans d'alternance dans une start-up qui s'appelait Heroes Jobs. Et puis, après ces 2 ans, j'ai été recruté en CDI dans la même startup.
Et malheureusement, après un an de CDI, on n'a pas réussi à lever des fonds et du coup, la startup a fermé, tout simplement. Du coup, licenciement économique. J'ai très vite retrouvé un emploi dans une autre startup qui qui s'appelle Daylin, qui est basée sur Lille, en tant que back-end ingénieur, j'ai fait un an là-bas et ça me plaisait plus à la fin, techniquement parlant. Je m'y retrouvais plus et donc j'ai démissionné il y a un mois de ça et là, je suis actuellement en freelance.
Est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus sur le rôle de back-end developer ? Qu'est-ce qui fait un bon back end developer ?
Je dirais avant tout la patience, parce qu'on blague souvent là-dessus, mais ça ne marche jamais du premier coup. Et quand ça marche du premier coup, on se demande si on n'a pas fait un truc mal. Donc, il faut être très patient. Je dirais qu'il faut être persévérant, parce que forcément, il faut savoir creuser. Il faut avoir envie d'apprendre, parce que dans ces métiers-là, on ne fait qu'apprendre. Si on n'apprend pas, on stagne. Et si on stagne, on n'est plus dans la course. Il y a toujours des nouvelles technologies qui sortent, des nouvelles techniques. Et si on veut faire du travail de qualité, il faut lire, se renseigner. Donc, en plus de sa journée de travail classique, c'est vrai qu'il y a beaucoup de veillées à faire. Et puis, il faut cette curiosité, il faut cette envie d'apprendre tout le temps. Donc, ce n'est pas un travail où on va se dire « OK, j'ai mes compétences, je les ai acquises pendant ma formation et en fait, je ne veux pas faire plus. » Non, on a nos compétences qu'on a acquises, mais en fait, on apprend tout au long de notre carrière et beaucoup plus qu'un autre métier, je pense.
Un peu plus tôt, tu disais que le contact avec les gens, c'est quelque chose qui te motive. On a souvent un peu le cliché que le développeur, il est tout seul dans son coin. Comment est-ce que tu réconcilies les deux ?
C'est vrai qu'on a un peu cette casquette de geek, un nerd qui reste chez lui et qui est un peu asocial. Moi, c'est pas du tout mon cas. J'adore discuter avec les gens, avec les équipes et je pense qu'un bon développeur, c'est pas juste un bon technicien, dans le sens où on est rarement tout seul à travailler. Et dans une équipe, si le mec est très bon et il fait très bien son travail et techniquement, c'est un monstre, s'il ne s'entend pas avec les autres, le projet avancera pas. Parce que justement, il travaillera en silo dans son coin et ça va créer des tensions et des problèmes. Donc non, j'ai cette compétence de pouvoir discuter avec tout le monde et d'avoir une communication assez réalisée. Donc de ce côté-là, ça m'aide pas mal.
Et dans ce parcours, qu'est-ce qui a été le plus difficile à surmonter pour toi ?
Je dirais que c'est mettre en pause sa vie personnelle parce qu'on voit souvent les formations de développeurs et ces formations généralistes en mode « Regardez, vous faites ça. Regardez les offres d'emploi, vous travaillez de chez vous, vous avez un beau salaire. » C'est un peu le rêve, mais ce n'est pas du tout le cas. Il faut vraiment en parler dans ce sens-là où ce n'est pas ce qu'on vous vend sur le papier. Moi, pendant 2 ans, voire 3, j'ai mis en pause ma vie personnelle. J'ai moins vu mes amis, j'ai moins vu ma famille parce que je travaillais beaucoup. En alternance, j'avais mes jours d'entreprise et mes jours de formation, mais je travaillais aussi le week-end et le soir en plus, parce que je voulais être bon dans ce que je faisais. Le marché est ultra concurrentiel, surtout pour les juniors en ce moment. Tout le monde cherche mais pas de junior, ils veulent des confirmés ou des seniors. C'est pas donné à tout le monde parce que comme je le disais, il faut beaucoup travailler. Si on n'a pas la disponibilité pour, je pense que c'est compliqué.
Ça peut impacter sa vie de famille, ça peut impacter son cercle social. Si les gens ne sont pas prêts à faire ce sacrifice pour pouvoir justement obtenir ce tremplin et ensuite transformer ce moment un peu pénible en opportunité, je pense qu'ils devraient se poser la question « Est-ce que j'ai le temps de le faire ? Est-ce que j'ai l'envie de le faire ? Est-ce que je suis fait pour ça ? » Je pense qu'en plus d'avoir le temps et de prendre le temps de se reformer, il faut être motivé dans le sens où il faut aimer, ce qu'on va faire. Donc, tester à un moment et donc, si vous appréciez ce que vous faites, alors là, il faudra se donner à fond, mettre sa vie en parenthèses pendant un petit moment jusqu'à obtenir son premier poste. Et puis là, normalement, si vous êtes motivé, si vous aimez ce que vous faites, ça aboutira à de bonnes opportunités après. Je pense que le plus dur, c'est le début. Et une fois qu'on est lancé, ça devrait aller.
Oui, tu me disais tout à l'heure que tu t'étais formé tout seul, je crois, en 4 mois, mais c'est à partir de là que tu as trouvé une alternance.
C'est ça. C'est via le réseau et via ma motivation qu'on m'a recruté. Parce qu'en 4 mois, concrètement, j'ai développé tout seul surInternet. Il y avait le formateur qui m'aidait, donc je faisais plein de petits projets. Je faisais plein de choses comme ça, mais ça ne valait rien. Sur le marché du travail, ça ne valait rien. Et c'est vraiment par la motivation qu'on dit « OK, on lui donne sa chance. Ils ont bien fait et ils étaient très contents de moi. » Il y a eu cette relation de confiance tout de suite. Donc, il faut vraiment se démarquer. Vu qu'on n'a pas les compétences au début, si on veut trouver une alternance, par exemple, il faut vraiment se démarquer par sa motivation. Parce que ce n'est pas les compétences techniques qui vont faire que « Non, c'est un pari sur l'avenir qu'on joue sur vous. Il faut aussi comprendre les entreprises que si elles vous prennent pendant 2 ans en alternance, on va vous former pendant 2 ans et honnêtement, vous ne serez pas productifs avant un an, un an et demi. Donc au début, elle va perdre de l'argent. Elle va perdre beaucoup d'argent parce que du coup, on va mettre quelqu'un pour vous former en plus.
Donc le temps, c'est de l'argent. Vous allez payer quelqu'un qui ne peut pas faire ce qu'il fait d'habitude, mais qui vous forme. Elle vous forme à ses principes, à son état d'esprit. Elle vous intègre dans l'équipe. Donc non, c'est un vrai pari sur l'avenir, il faut bien le comprendre. Il faut vraiment se démarquer. Il y a plein de profils qui arrivent parce que l'État finance énormément de formations comme ça. C'est pas en sortant d'école que vous êtes"employable".
Toi, au bout de ces 2 ans, tu te sentais opérationnel pour travailler comme développeur backend ?
C'est ça, même un peu avant. J'étais bien entouré. Vu que j'étais très motivé, je travaillais beaucoup, j'ai appris beaucoup pendant ces2 ans. Après, j'apprends toujours. J'ai énormément de choses à apprendre et j'apprendrai toujours. Par exemple, quand la startup Heroes n'avait plus d'argent et que je me suis fait licencié pour des raisons économiques, j'avais le choix de partir en freelance ou de prendre un CDI, tout simplement. Et en fait, j'ai pas voulu partir en freelance parce que j'avais encore beaucoup à apprendre. Je voulais me faire mentorer, en fait. Donc, je voulais que quelqu'un m'aide, m'apprenne ce qu'il sait. Et je trouve ça important de pas juste penser à l'argent et de penser aussi à sa carrière derrière et aux compétences que les autres peuvent vous apporter. Je pense que le mentorat dans le métier est vraiment très important pour faire grandir les gens.
Tout à l'heure, tu disais qu'on met un certain nombre de compétences passés de côté. Est-ce qu'il y en a quand même des expériences passées que tu retrouves aujourd'hui dans ton nouveau métier ?
Ce n'est pas forcément des compétences propres au métier d'infirmier, mais vu le parcours un peu chaotique, je dirais la persévérance.Il faut persévérer quand on a envie de quelque chose. On crée les opportunités pour nous permettre d'avoir cette chance. Parce que souvent, les gens ont dit «T'as eu de la chance. » Mais j'ai eu de la chance parce que j'ai fait les choses pour avoir cette chance. Et donc, plus vous creusez, plus vous avez de la chance de tomber sur un trésor. Donc non, il faut vraiment être très persévérant sur tout ça. Une fois qu'on est lancé, il ne faut pas s'arrêter. La passion aussi. Il faut se mettre à fond dans quelque chose, c'est une vraie compétence aussi. Pas juste effleurer vers « Je fais ma reconversion, je fais mes heures et j'arrête. » Non, mettez-vous à fond dedans et vous y arriverez.
Et une dernière question pour conclure. Quels conseils pourrais-tu partager aux développeurs juniors qui arrivent sur ces marchés concurrentiels ?
Formez-vous toujours et même si vous trouvez pas tout de suite, il faut continuer. Si c'est le métier que vous voulez faire, il faut continuer à faire des projets personnels. Je sais que c'est un peu plus difficile quand on est back-end de montrer ses réalisations, mais il y a un Github, donc vous faites plein de petits projets, il y a plein de formations sur Internet. Si vous avez, par exemple, si vous avez une idée en tête d'applications ou de sites web, ça serait bien de faire ça. Faites-le. Avec vos compétences techniques que vous avez là, vous serez forcé à chercher des choses que vous ne connaissez pas. En faisant plein de petits projets, les recruteurs vont regarder votre Github et vont voir que peut-être que techniquement, c'est pas ce qu'ils cherchent, mais ça fait 6 mois que vous avez arrêté votre formation. Mais vous avez pas chômé parce que pendant ces 6 mois, vous avez fait des commits tous les jours. Il y a eu plein de petits projets ou un gros projet et vous apportez toujours la modification, vous vous remettez en question, vous montrez que vous avez fait de la veille, etc.