Rachel est une Américaine qui vit en France depuis quelques années. Elle raconte comment elle s'est reconvertie de prof d'anglais à développeuse full-stack avec General Assembly.
Est-ce que tu pourrais commencer par te présenter et présenter ton parcours ?
Oui. Je suis américaine, je viens de Chicago, mais je vis maintenant à Lille et ça fait plusieurs années que je vis en France. J'ai maintenant la nationalité française. À la base, ma motivation en arrivant en France, c'était vraiment de partir à l'aventure. Je cherchais une nouvelle culture et je voulais maîtriser la langue française.
J'ai suivi un parcours plutôt littéraire à l'université. J'ai un côté écrivain et créatif, je pense que c'est un rêve de chaque écrivain américain de vivre en France. Gagner ma vie, c'était toujours en tension avec mon activité artistique. Ça a joué dans ma décision de faire une reconversion dans le digital. Avant mon déclic, je travaillais en tant qu'auto-entrepreneure. Je donnais des cours d'anglais dans une université à Lille et à côté de ça, j'étais écrivaine et rédactrice scientifique pour les médecins en France, mais en anglais.
Est-ce que tu peux me dire comment tu t'es reconvertie ?
Pour me reconvertir, je me suis trouvée un peu désespérée par mon travail pendant la pandémie. Je n'étais pas forcément déprimée, mais je savais qu'il faut changer quelque chose. Pendant une conversation avec une copine, j'ai posé la question « Qu'est-ce que je peux faire avec ma vie ? » et elle a dit « Tu peux toujours être être développeur web ou tu peux être software engineer. » Je me disais « Mais c'est pas possible. »
Pourquoi tu penses que ce n'était pas possible ?
Je pense que je l'avais jamais tenté. Je pensais que ce n'était pas possible. Il y a un mythe que c'est pour les gens hyper intelligents qui font du code. En fait, c'est pas forcément que ce sont que les mecs qui font du code, mais c'est un monde auquel je n'avais même pas réfléchi là-dessus.
Ton amie t'a suggéré le métier de software engineer et à partir de là, tu as commencé à te renseigner ?
Oui, j'ai commencé à me renseigner, donc j'ai pris contact avec une copine de lycée en business development pour un startup à Londres. J'ai eu une conversation avec elle et elle m'a mis en contact avec plusieurs personnes qui avaient fait des bootcamps. C'étaient des gens avec des parcours un peu similaires au mien. Ils ont expliqué « Oui, je donnais des cours d'anglais en Espagne et je me disais je dois faire autre chose avec ma vie. »
Et cette femme, elle avait fait un bootcamp, donc elle a expliqué un peu comment ça marche le bootcamp. Et je me disais ça pourrait être intéressant d'essayer. J'ai fait un cours de Ruby sur Codecademy. Et après, j'ai postulé pour General Assembly. Ils m'ont acceptée dans le programme. J'ai intégré le bootcamp et ça a pris 6 mois pour apprendre comment faire du code.
Je connais bien General Assembly puisque j'y ai travaillé avant de lancer Go Fenix... Est-ce que c'est parce qu'ils étaient américains que tu as choisi General Assembly ?
Je pense que c'était à travers mes conversations avec les gens à Londres, comme j'ai pris contact avec une copine qui vivait à Londres, elle m'a mis en contact avec les gens qui avaient fait le bootcamp à Londres. Donc c'était à partir de ça que j'ai connu General Assembly. Pour moi, c'était important de faire le bootcamp en anglais parce que, je parle bien le français, je connais bien la culture française, mais en même temps, pour moi, ça ajoute toujours une couche de complexité. Moi, je me disais que si je vais apprendre quelque chose de nouveau, j'ai envie que ça soit en anglais.
Donc, tu l'as fait à distance. Comment ça s'est passé ?
C'était bien passé. Le bootcamp, ça a duré 6 mois et c'était mardi et jeudi soir, de 19h à 23h. Donc ça, c'était difficile pour moi parce que je suis plutôt matinale. J'aime bien le matin, mais le soir, j'ai envie de me coucher tôt. Et c'était toute la journée des samedis.
On a appris JavaScript et Python et on a fait 4 projets. Donc on avait 4 "Project Sprints". Parfois, c'était en groupe et parfois c'était un projet individuel. Et c'était à partir de ces projets et des modules d'apprentissage, les modules pédagogiques avec ces projets qu'on a construit, qu'est venue l'idée d'être full-stack developer.
Et donc aujourd'hui, tu es full-stack développeuse ?
Oui, c'est bien ça. En fait, ce qui m'a attirée à General Assembly, c'est qu'ils ont un programme d'accompagnement après le bootcamp pour trouver un travail. J'avais un accompagnement pendant un mois pour mettre en place mon dossier pour postuler. Et en fait, comme j'avais un bon dossier avec ces projets, avec les descriptions de mes projets, quand j'ai postulé pour les postes, j'avais pas mal de réponses.
Et j'ai trouvé une startup à Londres qui travaille dans le climat. Et c'était un projet qui m'a attirée. C'est une équipe de 12 personnes et ce qu'on essaie de faire, c'est de décarbonner le réseau de transmission électrique en Angleterre. On fait des prévisions solaires et des prédictions de combien d'énergie solaire on va avoir pendant une journée. Et c'est à partir de ça que ce réseau électrique en Angleterre peut accueillir l'énergie solaire. Et mon activité, c'est plutôt de faire l'application web pour toutes ces données et toutes ces prédictions solaires.
C'est super intéressant. Et pour moi, comme je suis quelqu'un sensibilisée à l'environnement, c'est un projet où je ne suis pas là en train d'essayer de vendre quelque chose. C'est pas un webshop ou quelque chose qui a peu d'intérêt pour moi. Et j'apprends beaucoup de choses dans un autre domaine qui n'est pas la technologie.
Donc, tu trouves du sens dans ce boulot... Quels sont les autres éléments qui te plaisent dans ton métier ?
Ce que j'aime bien, c'est que j'ai toujours quelque chose à apprendre. Je suis quelqu'un de curieuse, donc j'ai beaucoup de livres sur le code, par exemple sur la structure des bases de données. Mais ce que je cherchais dans cette reconversion, c'était de travailler dans une équipe. Je voulais vraiment avoir des collègues avec qui je travaillais. Parce qu'avant, comme prof d'anglais, je n'avais pas forcément de collaboration sur les projets.
Aussi, j'ai l'impression que dans mon métier maintenant et dans mon boulot, j'évolue. Je ne fais pas la même chose chaque jour. Il y a toujours des nouvelles choses à apprendre, des nouvelles discussions à avoir. Et le fait que je fais du full-stack development, ça veut dire que je travaille dans les bases de données, mais je fais partie des discussions sur la conception de l'interface pour les utilisateurs. Comme je suis écrivaine, je m'intéresse aux histoires et on parle des histoires des données également et ça, c'est quelque chose qui m'attire dans ce boulot.
Qu'est-ce qui a été plus dur dans ta reconversion ?
Pour moi, c'était impossible de croire que c'était possible de faire un bootcamp et avoir un boulot à la fin. Pour moi, ce n'était pas trop difficile de me focaliser ou même de faire le travail pour cette reconversion, mais c'était vraiment d'avoir confiance en moi. Moi, chaque jour, je pense « Mais ce n'est pas possible que je fais ça. C'est trop difficile. » Mais en fait, ce n'est pas trop difficile si quelqu'un m'a embauchée de faire ce type de travail. Donc jusqu'à ce qu'on me dise « Non, désolée, tu n'es pas la bonne personne pour ce type de travail », je vais continuer, mais c'est difficile chaque jour de continuer, parce qu'il y a toujours ce mythe que le monde digital n'est pas fait pour quelqu'un de littéraire.
Donc, une forme de syndrôme de l'imposteur.
C'est ça. C'est une question de confiance dans un nouveau domaine où il y a toujours quelque chose que je ne vais pas comprendre. En fait, une résolution des problèmes avec les langues de code, parfois, c'est vraiment difficile à comprendre, mais ça prend du temps et il faut accepter que c'est normal. C'est normal que je ne comprenne pas parfois quand je travaille sur une tâche sur Github. Parfois, j'ai des tâches que je fais que je ne connais pas au début, mais après des semaines, c'est automatique et je peux le faire.
Quels seraient tes conseils aux personnes qui souhaitent se reconvertir dans le développement web ?
J'ai déjà dit la première chose, c'est de laisser les autres dire que tu ne peux pas. Donc, si on a envie de le faire, il faut essayer. En fait, j'aime bien cette phrase en français que "quand on veut, on peut." Donc, il faut tenter et qui ne demande rien n'a rien. Donc, toujours, je demande quelque chose et je continue avec mon parcours. Il faut être à l'aise avec le fait de ne pas être à l'aise. Et il faut aimer un certain type de résolution de problèmes et l'application de la logique dans un contexte créatif et évolutif.
Je pense que peut-être c'est vague comme conseil, mais si on n'aime pas ce type de résolution de problèmes quotidiennement, il ne vaut mieux pas faire ce que je fais, le full-stack development. Peut-être ça va être mieux de faire UX/UI design ou autre chose.
Enfin, je dirais, il faut aller vers les gens, pas forcément faire de réseautage, mais demander aux gens qui travaillent dans le digital si eux, ils veulent parler de leur métier. Parce que je trouve que les gens sont généreux avec leur temps et avec leurs connaissances (voir 5 étapes pour réussir votre enquête métier).
Un autre conseil, c'est qu'il y a une culture de mentorat dans le digital que moi, je ne connaissais pas avant. Moi, j'ai des personnes qui me mentorent et je trouve que c'est un soutien qui peut commencer même avant qu'on commence une reconversion dans le digital.