Dans cet épisode, nous recevons Aurélie, une illustratrice qui s'est reconvertie en tant que développeuse IA. Elle nous raconte son parcours et comment elle s'est formée avec Microsoft IA by Simplon.
Transcription :
Est-ce que tu pourrais te présenter et présenter ton parcours ?
Oui, alors déjà merci de m'avoir invité. Je m'appelle Aurélie, j'ai 36 ans. Je suis actuellement data scientist junior pour une entreprise qui fait de la vérification transactionnelle. En gros, on propose des services de prévention et de détection de fraude bancaire.
Est-ce que tu peux nous dire ce que tu faisais avant et comment tu as découvert la data science ?
Moi, je suis ce qu'on appelle un cas atypique. Encore un ! J'ai une double formation initiale. Entre les arts et les lettres, j'ai commencé par art appliqué. Je voulais être à la base architecte d'intérieur ou scénographe dans le monde du théâtre. Ça n'a pas pu être possible. Ma seconde passion à l'époque, c'était l'espagnol. J'ai fait une fac d'espagnol, j'y suis allée jusqu'au master, j'ai profité de tous les échanges européens pour partir en Espagne. Et ensuite, j'ai continué dans cette voie-là. J'ai commencé à enseigner l'espagnol en secondaire. Et rapidement, j'ai eu besoin d'un petit peu plus, donc je suis partie dans le pays pour enseigner cette fois le français. J'ai fait l'inverse. Donc, à différents niveaux, maternelle, primaire, secondaire et aussi pour adulte. Donc, j'ai eu tout public.
Et au bout d'un moment, il me manquait encore quelque chose, le côté un petit peu créatif. J'étais un petit peu frustrée de ce côté-là. J'ai aussi repris en parallèle des études d'art et j'ai fait en raccourci, là-bas en Espagne, c'est 2 ans, en France ça aurait été 4 ans, tout ce qui est illustration et animation.
J'ai lâché mon métier de prof et j'ai travaillé pendant 8 ans en Espagne comme designer et illustratrice pour la jeunesse. Voilà un petit peu le parcours en gros, mais après je pourrai vous raconter quelques détails.
Effectivement, c'est un parcours auquel on ne s'attend pas pour se lancer dans la data science. Est-ce que tu peux nous dire comment tu as découvert ce milieu ?
Effectivement, je n'ai pas le profil linéaire, scientifique, math. Moi, ce qui s'est passé, c'est qu'à travers mon métier d'illustratrice et de graphiste, j'ai été amenée à côtoyer des développeurs et des gens qui travaillaient dans le monde du jeu vidéo, parce que je devais leur faire des backgrounds, des animations de personnage ou des petites choses comme ça. Et à côté de mon métier créatif, j'avais aussi besoin d'avoir un métier alimentaire. On publie des livres, mais à côté, c'est très compliqué. J'ai commencé à donner des cours de robotique sans avoir vraiment de connaissance en robotique. J'étais juste un petit peu touche à tout. Je regardais des tutos en ligne. Je commençais à m'intéresser comme ça. C'était pour des enfants, donc je me disais « ça devrait aller. »
J'ai commencé à mettre les mains un peu dans le cambouis, dans la programmation avec des choses toutes simples, avec un petit peu de python, mais vraiment un tout petit peu, et à faire bouger des robots ou leur donner quelques instructions. À partir de là, je pense que j'ai pris conscience qu'il y avait quelque chose à faire.
Ça me plaisait énormément. Je commençais à coder des mini jeux vidéo, des petites choses comme ça, mais c'était toujours en mode loisir. Ensuite, tout ce qui est data science, le rapport à la donnée. Je me suis rendue compte que j'avais un bon rapport à la donnée, à l'analyse de tout ce qui était statistique. Par exemple, quand on a un compte Instagram, tout de suite, j'allais voir un petit peu les statistiques ou comment essayer d'améliorer mes résultats par rapport à l'algorithme, quelle était l'influence de l'algorithme sur mon compte, etc
Là, c'était vraiment de la curiosité. Je commençais à regarder des tutos aussi. Il y a un moment où j'ai dû rentrer en France pour des raisons personnelles et de santé. Et là, j'ai essayé de continuer la robotique éducative, mais il n'y avait rien d'équivalent vraiment en France. Il fallait être déjà ingénieur informatique pour pouvoir donner des cours. Donc, je suis tombée sur une annonce de Simplon qui proposait un SAS Hackeuses. En fait, c'était une formation d'un mois et demi à peu près, pendant l'été.
Là, c'était juste des femmes pour le coup. Et on nous faisait une introduction aux différents métiers du numérique, parce qu'à la base, j'étais un peu perdu entre le web, la data. Je ne comprenais pas encore vraiment ce que c'était l'IA. Et là, j'ai vraiment pu voir plusieurs profils. On a eu beaucoup de témoignages aussi de professionnels. Ça, ça nous a vraiment aidés et on avait des exercices pratiques. Et là, je me suis vraiment rendue compte que l'IA m'attirait davantage. Donc, suite à ça, j'ai candidaté pour l'école Microsoft IA by Simplon à Strasbourg. Et ça s'est fait comme ça, crescendo.
Donc tu es tombée dans le domaine un peu par hasard à travers ton expérience, en enseignant la robotique, puis après, en côtoyant des dev...
Mais j'avais quand même eu toujours ce rapport aux jeux vidéo ou un petit peu au code, où j'essayais de comprendre comment fonctionnaient telles ou telles applications en essayant de lire des codes, HTML, CSS ou des trucs comme ça. Forcément, je ne comprenais pas grand chose à l'époque. Quand j'essayais de faire ma page Web, c'était un petit peu comme ça aussi. Toujours essayer de faire des tutos, essayer de comprendre. Et finalement, là, je suis assez contente parce que la formation que j'ai faite, c'était développeur data.
Et du coup, on a eu des cours de dev, mais plus orientés data science. Mais à la fin, on était quand même capable de créer des petites applications en intégrant de l'IA dedans, comme de la reconnaissance faciale ou des petites choses comme ça. Et ça, c'est vraiment ce que je veux faire. Moi, je veux proposer des produits qui répondent à des besoins en intégrant l'IA. Et je me suis rendue compte finalement que tout ce qui m'intéressait depuis le début, ça s'appelait l'IA, sauf que je ne savais pas mettre un mot dessus. Et je suis vraiment contente d'avoir trouvé ma voie, même si ça a été un peu long et laborieux pour moi.
Donc, tous ces filtres sur Photoshop ou comment fonctionne mon portable, voilà, j'ai enfin quelques réponses et je suis capable de faire du code. Bon, peut être pas pour Huawei, mais voilà, je suis capable de faire 2-3 choses maintenant.
Quel a été ton déclic pour te lancer ? Comment est ce que t'as pu valider que c'était un domaine dans lequel tu voulais évoluer ?
Moi, jusqu'à la fin du SAS Hackeuses, j'étais encore dubitative entre les 2 voies, parce que forcément, le côté web et le côté graphisme interface m'intéressait beaucoup aussi. J'ai validé l'IA, finalement, puisque j'ai commencé à faire énormément de veilles techniques et contextuelles sur ça. Je me suis rendue compte à travers une vidéo Microsoft qui proposait un peu tout ce que pouvait faire l'IA à travers différents exemples dans différents secteurs comme la santé, tout ce qui est botanique, des choses comme ça, la fraude, la finance, énormément de secteurs auxquels on pouvait appliquer l'IA. Je me suis dit que j'aurais juste à choisir mon secteur et y aller.
J'ai trouvé que c'était beaucoup plus innovant, que j'avais plus de choses à apporter dans le futur. C'est mon cas personnel, mais je pense que je me serais un petit peu ennuyée au bout d'un moment dans le web. J'ai du mal avec tout ce qui est un petit peu routinier, de créer des pages web, des choses comme ça, même si les clients sont différents, peut-être que ça m'aurait ennuyée à la fin.
Comment s'est passée ta formation avec Simplon ?
Au début, ça a été assez compliqué, quand même assez violent pour quelqu'un qui se reconvertit, qui a juste quelques idées comme ça, un peu vagues de ce qu'est la programmation, qui n'a pas vraiment de cursus ingénierie informatique ou des choses comme ça. Il y avait énormément de fronts ouverts en même temps, de compétences à prendre en même temps. Il fallait faire une mise à niveau en maths, il fallait faire une mise à niveau en informatique générale, une mise à niveau en langage python. Il y avait énormément de champs et de fronts ouverts. Au début, il y a quand même eu des difficultés où on a bien vu que les personnes qui étaient totalement en reconversion ont souffert quand même énormément le 1er mois et ensuite, il y a comme un déclic qui se fait où on commence à mieux maîtriser un petit peu tout ça et ça devient beaucoup plus jouissif.
Le début, je dirais laborieux, mais avec la motivation et la résilience, je pense que c'est possible parce que finalement, on a rattrapé notre retard. À travers notre vécu et notre expérience dans d'autres secteurs, on avait beaucoup apporté aussi aux profils qui étaient déjà plus linéaires ou qui avaient déjà codé dans un autre langage ou dans un autre secteur. Donc finalement, le groupe qui à la base était assez hétérogène a fini par travailler ensemble. Ça, c'était plutôt chouette.
Est-ce que tu peux nous raconter comment s'est déroulée ta recherche d'emploi après ta formation ?
Oui, alors la formation, moi, j'étais dans la première session de Strasbourg. Ça a duré 19 mois quand même. C'est pour ça qu'il fallait vraiment que le choix soit bien assis. Moi, j'ai eu 7 mois de formation et après, j'ai eu 12 mois en alternance. La recherche en alternance pour ce format-là, c'était à nous de trouver une entreprise. Là, ça s'est plutôt bien passé à ma grande surprise où je pensais que justement, de par mon manque de parcours linéaire, j'allais être un peu recalée par rapport aux entreprises informatiques ou pas être crédible. Et finalement, non. Les profils reconvertis intéressent beaucoup. J'ai eu plusieurs réponses favorables et j'ai eu le choix de mon entreprise. Ça fait plus d'un an et demi maintenant que j'y suis. J'ai fait un an en alternance chez eux et maintenant, ça fait plus de 6 mois que je suis en CDI. Donc, très contente.
Et qu'est-ce qui te plaît aujourd'hui dans ton nouveau métier ?
Alors moi, j'ai donc choisi la fraude, ce qu'on appelle la FinTech. Ce qui me plaît dans ce secteur, c'est que je me sens utile. Je sens que j'apporte quelque chose. Je dois créer des algorithmes pour détecter et prévenir la fraude, donc économiser beaucoup d'argent à tout ce qui est marchands et banques et protéger le client aussi quand il fait une transaction e-commerce. C'est un peu tout ça qui me plaît.
C'est aussi le fait de pouvoir apporter ma créativité à travers ça. Moi, à la base, je n'étais pas vraiment matheuse. Et là, je me rends compte que les maths, quand elles sont appliquées à certains secteurs, elles sont accessibles à tous. J'ai aussi enlevé un peu ce complexe-là, même si j'ai encore beaucoup à apprendre en maths. Mais ce qui me plaît, c'est le côté utile, innovant, parce que je fais beaucoup de R&D. J'ai le côté pratique où je dois répondre à un besoin pour une API, pour avoir un scoring en temps réel. Et j'ai aussi le côté R&D où je suis en perpétuelle recherche d'innovation, où je peux proposer ce que je veux.
Il y a aussi le côté « je suis à la maison », « je suis sur place », l'adaptabilité. Il y a énormément d'avantages dans ce genre de métier. Et le fait de travailler en équipe aussi. On doit être autonome, mais en même temps, on travaille en équipe.
Quels conseils donnerais-tu aux personnes comme toi qui veulent se reconvertir en intelligence artificielle ?
Moi, je leur dirais de foncer. Je leur dirais de foncer, qu'il n'y a pas d'âge pour ça. Moi, je me suis reconvertie, j'avais 34 ans. Enfin, il faut vraiment y aller, il faut foncer, il faut croire en son projet. Il faut essayer d'oublier le jugement des autres aussi, ce qui n'est pas toujours facile. On aura tous un syndrôme de l'imposteur au début, qui, pour d'autres, sera plus long à gommer. Moi, parfois, je l'ai encore. Si c'est le projet qui vous plaît, allez-y, parce qu'on n'a qu'une vie et c'est un métier qui peut aussi énormément vous apporter. Ça ne va pas être facile, il faut être résilient, mais avec la motivation, c'est possible. La preuve, nous qui étions débutantes, on est arrivés jusqu'au bout et maintenant, on a presque toutes trouvé un emploi dans ce secteur.