Ancienne infirmière, Elodie s'est reconvertie dans l'UX Design avec TheDesignCrew. Elle partage les liens qu'elle a su tisser entre son ancien et son nouveau métier.
Transcription :
Est-ce que tu pourrais commencer par te présenter et présenter ton parcours ?
Oui, avec plaisir. Je m'appelle Élodie, j'ai 32 ans. J'ai été infirmière pendant 10 ans dans des services de réanimation un petit peu partout, et notamment les 7 dernières années à Montréal. J'ai décidé de me reconvertir et ça fait aujourd'hui un an que je suis product designer.
Est-ce que tu peux nous dire comment tu as découvert ce métier ?
Le métier de product design a été amené à moi par une personne qui était proche dans mon entourage, qui faisait lui même ce métier, qui m'en a parlé et qui a fait un petit peu les comparaisons avec ce que je pouvais vivre moi dans mon métier d'infirmière. Et effectivement, en creusant un petit peu plus, ça m'a intéressée.
Entre le moment où tu découvres ce métier et le moment où tu te lances, effectivement, quel a été le cheminement ? Quel a été le déclic pour te lancer ?
Ça ne s'est pas fait de manière très fluide. Ça a été assez long parce que la raison aussi pour laquelle j'ai quitté le métier d'infirmière, c'est parce que j'ai fait un burn out. Même si je savais que je voulais me reconvertir, avant d'aborder une reconversion, il faut déjà recommencer à voir la lumière au bout du tunnel. Donc ça a été assez long. Ça a pris un an, je pense, entre le moment où on m'a parlé de ce métier et le moment où je me suis dit effectivement, il faut que je m'y intéresse. J'ai également fait un bilan de compétences qui a mis effectivement des valeurs et des qualités en avant, notamment la créativité que je pouvais retrouver dans le métier de product designer. Et c'est là que je me suis dit que c'était effectivement une bonne option pour moi et que ça valait le coup de l'essayer.
Quelles sont les qualités ou les compétences de ton ancien boulot que tu peux retrouver dans l'UX design ?
C'est vrai que si on regarde de loin, on dirait que les deux ont vraiment rien à voir. Et en fait, la réalité, c'est que je retrouve beaucoup, alors de manière différente, mais il y a beaucoup de choses, de qualités que j'ai développées dans mon métier d'infirmière que je retrouve aujourd'hui dans le métier de product designer. Donc, effectivement, celle qui saute un petit peu aux yeux, c'est celle de l'empathie. C'est sûr que l'empathie se développe au contact des gens. Donc, clairement, quand tu passes 10 ans au contact des patients, des autres professionnels de santé, des familles, c'est une qualité que tu développes tranquillement. Il y a aussi des qualités d'analyse, des qualités de synthèse, des qualités, finalement, de résolution de problèmes. Parce que quand le patient va pas bien, tu ne fais pas juste dire au médecin « Le patient va pas bien. » Il faut, il y a des actions qui sont mises en avant. Je peux te donner, par exemple, l'image d'un patient. Tu arrives dans la chambre, il est tout bleu. Tu sais qu'il y a un problème. Ce n'est pas une coloration normale de peau, donc il y a un problème.
Toi, ce que tu vas devoir faire, c'est mettre des hypothèses. Pourquoi mon patient est bleu ? Est ce que c'est parce qu'il respire mal ? Est-ce que c'est parce qu'il s'est peint la peau en bleu ? Il y a plusieurs options possibles. Bien sûr, à ce moment-là, normalement, il faut agir vite, mais là, je vais continuer mon raisonnement. Donc, tu mets des hypothèses. Ensuite, tu vas devoir faire des tests pour confirmer ou infirmer tes hypothèses. Et quand tu vas être capable de dégager une seule hypothèse, par exemple, « Ton patient est bleu parce qu'il respire mal, il va falloir que tu mettes une action en place pour que ton patient respire bien à nouveau, pour simplement qu'il vive. Et en fait, c'est la même chose avec un produit, finalement, puisqu'il s'agit de sans cesse résoudre des problématiques. Trouver les bonnes problématiques à résoudre, parce que si tu résous un problème que tu es le seul à voir et que tes utilisateurs n'ont pas, ça ne servira à rien, ça n'aura aucun impact. Par contre, trouver les problématiques que tes utilisateurs veulent que tu règles pour booster l'impact de ton produit, ça, c'est le cœur du métier.
Du coup, comment tu t'y es prise pour te former ?
Je me suis tournée vers un bootcamp. L'école, c'est The Design Crew. C'est un bootcamp qui dure 2 mois, qui est quand même très intense, mais qui est vraiment, pour le coup, très, très complet. Parce que même pour moi qui avais finalement zéro connaissance dans le milieu quand je suis arrivée, je ne me suis pas du tout sentie hors sujet par rapport aux personnes qui avaient eux déjà une expérience dans le domaine du numérique. J'ai vraiment senti que je comprenais très facilement les choses, qu'ils rendaient le contenu très abordable. Et ce que j'ai trouvé vraiment particulièrement cool, c'était le fait de faire des projets, des case study avec des réelles entreprises. Des personnes, des entreprises venaient nous pitcher des problématiques et on résolvait en équipe les problèmes pour ensuite représenter à ces mêmes personnes notre travail.
Donc, en l'espace de 2 mois, il y a eu vraiment un apprentissage très pratique pour acquérir les bases pour devenir product designer...
Toutes les bases. Et puis, ce que j'ai beaucoup aimé, c'est tout le mindset qui nous transmette sur vraiment comment aborder ce métier aussi, nous en tant qu'humains. C'était vraiment intéressant, notamment dans le cadre d'une reconversion, je pense.
Et suite à ce bootcamp, comment s'est passée la recherche d'emploi ?
Elle a été dans un premier temps, en tout cas, pour moi, étonnamment simple. À savoir que ça ne s'est pas passé comme ça pour tous les gens qui ont été avec moi. J'ai eu beaucoup de chance, c'est-à-dire que je suis tombée sur une startup dans le milieu médical qui, pour le coup, a été super intéressée, justement, par mon parcours un petit peu atypique et par le fait que j'avais été infirmière. Parce que pour eux, ça allait être un atout que je puisse en même temps être capable de communiquer et de comprendre les patients, mais aussi les professionnels de santé et également être capable de... Finalement, il y avait une équipe clinique, être capable de transformer tout ce que l'équipe clinique voulait en un contenu UX qui allait parler aussi après à l'équipe technique. Parce que là, pour le coup, ils ne parlaient pas du tout le même langage pour ces deux équipes. Et moi, j'étais vraiment l'entre 2 qui traduisait finalement.
Et aujourd'hui, qu'est ce qui te plaît dans ton nouveau métier ?
Qu'est ce qui me plaît dans mon nouveau métier ? Déjà, c'est de savoir que tout ce que j'ai appris et tout ce que j'ai mis en œuvre les 10 premières années de ma vie professionnelle, ça n'a pas été mis à la poubelle. Tu vois, c'est ça où je suis contente de pouvoir continuer à utiliser ce que j'ai appris. Et ce que j'aime, c'est comme je parlais un petit peu plus tôt, c'est vraiment cette dynamique de résolution de problèmes qui fait finalement, c'est faire preuve aussi beaucoup d'adaptabilité parce que c'est... Voilà, on ne met pas 6 mois à résoudre un problème. En général, on fait ça de ce qui s'appelle une méthode agile. Donc on fait ça en 2 ou 3 semaines. On prend une problématique et on va la traiter en 2 semaines. Ça ne veut pas dire que ça va aboutir à quelque chose qui va réellement sortir dans la réalité, mais c'est cette dynamique d'être toujours en mouvement qui me plaît beaucoup.
Est-ce que quand tu étais infirmière, si on t'avait dit que tu te retrouverais dans le numérique, tu l'aurais cru ?
Non. Vraiment pas. Ça me paraissait être inaccessible. J'avais vraiment le sentiment, à la base, qu'il fallait limite être dedans depuis des années pour pouvoir se lancer là dedans ou vraiment avoir une appétence extrêmement forte dès le début. Moi, c'était pas mon cas, contrairement à ce que j'ai tendance à dire en entretien. Moi, c'est moi, si je me suis dirigée vers ce milieu, c'était surtout ma curiosité qui m'a poussée là, parce que je savais que ça allait être complètement nouveau pour moi. Et pour le coup, c'était le cas. Mais c'était ce qui m'intéressait aussi.
Quels seraient tes conseils pour les personnes qui souhaitent se reconvertir dans le design comme toi ?
Oui, alors, c'est pas vraiment un conseil mais une mise en garde. C'est juste, je pense que c'est important de le savoir quand on se dirige vers ce métier là. C'est un métier où il faut vraiment pas avoir d'ego. Ça, d'ailleurs, ça fait partie des choses qu'ils nous ont rapidement dites quand on est arrivé dans le Bootcamp. C'est-à-dire que tu vas travailler vraiment très fort sur des projets qui vont jamais voir le jour. Tu vas travailler très fort pendant des mois et à un moment donné, tu vas faire une présentation et les gens vont te dire « C'est nul. » Il faut pas le prendre personnellement. Il faut pas prendre son travail personnellement, ça reste un travail. Les autres sont là aussi pour faire avancer ton travail, donc on n'est pas tout seul. On n'a pas des idées tout seul. Il faut prendre les idées de toute l'équipe Et c'est pour ça qu'il faut pas avoir trop d'ego, parce que je crois que le chiffre, c'était 90% du travail d'un product designer finit à la poubelle. Il faut être à l'aise avec ça.